Un rapide historique pour mieux comprendre l’avenir

(actualisé le )

L’histoire pour comprendre le présent

Selon le dictionnaire historique de la langue française de Rey, Psycho vient du grec pukh(o), lui-même de psukhé « souffle, respiration, haleine » ou âme. Au XVIe est créé psychologie par un humaniste réformateur Mélanchton. Un peu plus tard, l’usage moderne recouvrira l’étude des phénomènes de la pensée, de la vie mentale au sens large. On est alors dans la philosophie. (XVIIe).

C’est au XIX è que se dégage la notion scientifique de la psychologie qui s’attache à étudier l’homme, ses réactions, ce qui agit sur le psychisme. La séparation théorique entre maladies du corps et troubles de l’esprit n’existe pas, c’est la thérapeutique des humeurs, héritée de Galien qui construit ce domaine.

La psychiatrie moderne, elle, nait des théories médicales du XVIII è - début XIX è et de la prise de conscience de la souffrance due à l’enfermement des « fous » (Pinel). Le mot psychiatrie est utilisé en 1840, ensuite il s’articulera avec la neurologie, puis la psychanalyse.

C’est après la seconde guerre mondiale mais surtout en 1968 que sont engagés les psychologues (en 1968 on compte 663 psychologues en France), au moment où la psychiatrie asilaire entame sa transformation allant jusqu’à la sectorisation.

Au départ, la mission du psychologue, face au couple infirmier-médecin, est d’aider au diagnostic par l’usage de tests psychotechniques. Les psychologues ne partageaient pas cependant l’histoire médicale. L’importance du diagnostic déclinant, l’extrahospitalier augmentant, les psychologues en viennent à s’orienter vers le suivi des patients

1947 voit la naissance de la licence de psychologie et marque l’autonomie universitaire de la psychologie vis-à-vis de la philosophie.

La même année, le code de Nuremberg, fonde l’histoire de l’éthique pour limiter l’exigence scientifique dominant jusque là. Ce code prévient le renouvellement des crimes commis pendant la guerre, affirme la liberté, impose le respect du consentement volontaire du sujet, ceci afin d’éviter les risques d’humanité.

C’est à la libération que les codes de déontologie s’élaborent. Le code des psychologues est quant à lui, publié pour la première fois en mai 61.

. La notion de « psychologie clinique » prend réellement naissance en 1949 avec Daniel Lagache qui la définit alors comme « la science de la conduite humaine, l’expression de la tendance humaniste et totalisante de la psychologie » (histoire de la psychologie clinique- Lydia Fernandez), elle se propose l’étude de « l’être humain concret et complet » envisagé tant dans sa « singularité » que dans son « drame », « aux prises avec un certain entourage, un problème mal résolu, une situation problème ».

C’est Juliette Favez-Boutonnier qui 10 ans plus tard distanciera la psychologie clinique du modèle médical appuyant sur « l’intersubjectivité »

1949 voit également la création du premier service de psychologie avec Jacques Perse à l’hôpital Saint Anne.

1951 apparaissent les diplômes de psychopathologie.

1985, le titre unique de Psychologue est légalisé quelle que soit sa spécialisation.

Cette histoire a porté ses fruits.

La profession de psychologue n’est pas née de son propre désir, elle s’est construite en lien avec les institutions, les idéologies et les demandes sociales de son époque pour en arriver à son statut actuel

Chaque évolution sociétale a ébranlé sa structure. Le travail d’affranchissement ou travail identitaire qu’elle a effectué vis-à-vis de la philosophie ou du médical… a été le reflet de ce dont elle s’occupe : « promouvoir l’autonomie de la personnalité ».

L’avenir,

Actuellement, où la sectorisation est remise en chantier et compte tenu d’une expérience et d’un recul de 60 ans, les psychologues sont plus à même de réfléchir sur l’évolution de leur pratique dans la nouvelle réforme hospitalière.

Cette réflexion doit être menée en évitant 2 écueils :

- un retour en arrière préjudiciable tant à l’économie du sujet qu’à celle de l’hôpital !

Le psychologue est porteur de ce qui fait sens ou obstacle pour la personne dans sa dimension psychique, sociale et culturelle.

Ses années d’expériences à l’hôpital lui ont permis d’observer - et la clinique le démontre- que la prise en compte du « patient- sujet » dans sa globalité, évite ce que certains appellent « le vagabondage médical », l’arrêt prématuré des traitements chez les patients souffrant de pathologies chroniques ( par la prise en charge de leur propre santé), les passages à l’acte( par l’établissement d’une élaboration psychique limitant les conduites à risques)

- une scission entre une pratique hospitalière qui traiterait de la maladie et non du patient

Nous savons qu’un sujet traité en malade se conduit en malade et qu’il n’est

pas toujours facile de renoncer à ce statut de malade tant les bénéfices secondaires peuvent être importants.

et une pratique libérale qui s’occuperait du sujet.

Ne pas en tenir compte, voilà quelle serait la vraie folie.